Au départ de la gare du nord je regarde le les tags si je reconnais des blazes,
je scrute les trains de fret, nous partons.
Comme les DJ diggent des sons je digge des espaces, je les screeshot sur google maps, note des cordonnées GPS, j’ai des dossiers d’images classés pas lieux, chacun son syndrôme de Diogène.
J’ai hâte de rejoindre la rave de platon, une champignonière abandonnée.

Je n’étais pas triste juste profondément émue de ses émotion complèxes entre joie intense et douleur liée à un goût de trop peu. C’était pour moi la prise de conscience de la fin de quelque chose, le même chagrin insoutenable qu’éprouvent les enfants de couples séparés quand ils réalisent que rien n’est immuable, et que la beauté du monde réside dans les miliers de trésors appelés souvenirs, la trace de quelque chose qui a jadis existé et dont on a fait parti.
C’était la première et la dernière fête
J’aime quand les enfants, même les mieux élevés, crient sans retenue au visage des adultes «encore!», encore une part du gâteau, encore un tour de tobogan, zéro conscience de la démesure, les yeux plus gros que le ventre. Je suis redevenue cet enfant, c’étaient plus de kilomètres que mes jambes ne pouvainet en marcher, plus de poids sur les épaules que mon dos ne devrait en porter, plus de BPM que je ne pouvais danser, tant pis. Les enfants sages et raisonnable, donnent des jeunes gens monstrueux.

Au moment où nous installons nos tentes, s’élève le vrombissement d’une moissonneuse batteuse qui apparait derrière le tallu, les pesticides se répandes sur les blés jusqu’à nos narrines.
«haha ça sent le poppers».

Il n’y a pas de réseau dans la grotte, pas besoin de mon téléphone, je flash tout le monde..
J’ai juste envoyé un message à ma mère pour lui dire que je faisais un gros bisou à mamie.
Elle m’appellera le lendemain pour me dire qu’elles partent voir la mer. Mamie est malade, mais elle n’en a plus rien à foutre je sais qu’elle n’a plus envie de vivre et qu’elle n’est retenue que par le spectacle quotidien de la nature, son chat, son jardin, les couchers de soleil, et demain la mer.
Sans le savoir c’est le plus beau cadeau qu’elle puisse faire à sa petite fille.

Dans le noir les gens sont beaux on dirait des anges et de jour ils rayonnent.
On ne voit rien du tout dans l’obscurité, je balaye le champ de ma lampe frontale, je ne suis pas la seule à être venue pisser ici.
J’ai beaucoup ris, j’ai beaucoup crié, j’ai déplié ma tente pour la remballer, j’y ai accroché un néon de maquette, c’était marrant ça faisait la blague.

Mon cerveau a encore du mal à process les 24 dernières heures, la redescente a été abrupte mais expiatoire par rapport aux crises d’angoisse que je me tappe en ce moment, je ne sais pas comment font les gens qui prennent des drogues, je n’ai que mangé des figolus et bu des bières.
Des grosses larmes de crocodile bouleversé me coulent le long du visage pendant que je mets dans un vase le blés et fleurs de champs cueillis sur la route du retour, à la cîme desquelles Charlène appercevait des paillettes.

«heureux.se.s soient les fêlé.e.s car iels laisseront passer la lumière».
la fête mythique, la fête mystique
gros tas de grottes
des gobelins et des elfes
deux créatures aux cheveux verts fluo prises en stop
*Kruptos (grec), «ce qui est caché»
>cryptique : ce qui vit dans une grotte